Version française à suivre ci-dessous

OPENING ADDRESS BY JUDGE SYLVAIN ORÉ,

PRESIDENT

OF THE AFRICAN COURT ON HUMAN AND PEOPLES’ RIGHTS

 

  • Honourable Tujilane Chizumila, Judge at the African Court on Human and Peoples’ Rights
  • Counsel on the roster of the Court
  • Distinguished invitees, Dear counsel, ladies and gentlemen,

The session which is about to start will be the second in a series of training sessions launched by the African Court in August 2017 right here in Arusha. In my speech at that occasion, I highlighted the importance of this training exercise whose primary source is the treaty of African human rights treaties; that was how I referred to the African Charter on Human and Peoples’ Rights. A combined reading of the provisions of Articles 1, 7 and 26 of the Charter requires all stakeholders to guarantee the combined rights, those for the defence and those for an independent, efficient and expedient justice. Article 10 of the Protocol establishing this Court and Rule 28 of the Rules of Court which reiterate these provisions on the need for legal aid were not written by chance. We all agree that the objective of the Protocol itself is to give effect at the continental level, to substantial rights guaranteed under the Charter.

In the face of these legal prescriptions, you will agree with me that from one training session to another, the same logic guides the action of the Court in its mission to work and promote a human rights culture on the continent. As you will soon discover, It will not just consist of making you undergo a guided reading of the basic instruments of the Court which I am sure you must have read at one time or another. On the other hand, with regard to the instruments of application, you, legal practioneers are very much aware that the gap could be considerable. In almost a decade of application of different relevant instruments in procedure before the Court, the African Court has undertaken the interpretation of many procedural and substantive provisions. It has also attempted to innovate in cases where the law is silent and lacks precision. This is common with international law whose objectives are quite subsidiary to those of national law and its application. It is the lively, changing, contextualized and applied rereading of the law of contentious matters before the African Court which you will be required to do during this training activity.

After all, the daily practice of the law at the national level does not require the Counsel to deal with international law and its practice but more often or rather with domestic law as it regulates the life of citizens and the functioning of national institutions. This seminar must therefore be considered as a link to being established between the Court and nations which are the origin of legal issues and alleged human rights violations for which litigants have not been able to find remedy or satisfaction. On the one hand, you will be required to help the litigants that you are, to acquire the necessary knowhow to effectively assist the Court in its mission of administration of justice; on the other, become Counsel on the Court’s roster and be quite conversant with practice before the Court which will undoubtedly make you spokes persons of African Human Rights law in your national judicial systems.

Dear Counsel, I cannot resist the temptation of reiterating towards you, the same wishes which I expressed before Counsel during the training session of last year. From today, you will not only be Counsel on the roster of the African Court; you will also be the pioneers of a new generation of human rights defenders because henceforth, it will be incumbent on you to promote the training of as many Counsel as possible on the continent who will become the limelight of procedure and the law before the African Court. In an Africa where the absence of equitable justice is quite often the source of conflict and serious and massive violation of human rights, the right to benefit from Counsel pursuant to the practice of the African Court should no longer be compromised.  

Between failure to abide by rules which extend litigation unnecessarily and insufficient reference to the jurisprudence of the Court in the drafting of subsequent judgments, I call on you to carryout not just a review but an in-depth discussion on the practice of the Court. I know that the Registry has already prepared grounds for such a dialogue. I heartily invite you all to join the discussion while at the same time thanking you for finding time to participate in this activity. I wish to congratulate the Registry for organizing the seminar and my thanks also go to our partners who provided funding for the same. Permit me to wish you all fruitful deliberations and on that note, I declare open, the Second Training Seminar for Counsel on the Roster of the African Court.

Thank you.

Sylvain Oré

President of the Court

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DEUXIÈME SESSION DE FORMATION DES CONSEILS PRÈS LA COUR AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES

ARUSHA, 9 AU 11 JUILLET 2018

 

ALLOCUTION D’OUVERTURE DE L’HONORABLE SYLVAIN ORÉ,

PRÉSIDENT

DE LA COUR AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES

 

  • Honorable Tujilane Chizumila, Juge à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples
  • Mesdames et Messieurs les conseils près la Cour
  • Distingués Invités, Mesdames et Messieurs, Chers Maîtres,

 

La session qui va s’ouvrir dans quelques instants est la deuxième d’une série que la Cour africaine a lancée au mois d’août 2017 ici même à Arusha. Dans l’allocution que j’avais alors prononcée à cette occasion, je rappelais l’impératif de cet exercice de formation qui trouve sa source première dans le traité des traités africains des droits de l’homme, j’ai nommé la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Une lecture conjointe des dispositions des articles 1, 7 et 26 de la Charte impose à toutes les parties prenantes de garantir les droits conjoints, l’un à la défense et l’autre à une justice rendue de manière indépendante, efficace et rapide. Que les articles 10 du Protocole portant création de la Cour africaine et 28 du Règlement intérieur reprennent ces dispositions en termes de la nécessité de l’assistance judiciaire n’est pas un hasard. Il est bien entendu que la raison d’être-même du Protocole est de donner effet au niveau continental aux droits substantiels garantis par la Charte.

Face à ces prescriptions légales, vous conviendrez avec moi que d’une session de formation à une autre, c’est la même logique qui guide l’action de la Cour dans sa mission de travailler à l’avènement d’une culture des droits de l’homme sur le continent. Il ne s’agira pas, comme vous vous en rendrez compte, de vous imposer une relecture guidée des textes fondamentaux de la Cour dont je me doute bien que vous avez dû prendre connaissance à une occasion ou une autre. En revanche, des textes à leur application, vous savez bien, praticiens du droit que vous êtes, que le fossé peut être énorme. En presqu’une décennie d’application des divers instruments applicables dans la procédure devant elle, la Cour africaine a entrepris l’interprétation de nombreuses dispositions tant procédurales que substantielles. Elle a également tenté d’innover face aux silences et aux imprécisions qui, du reste, sont propres au droit international dont la vocation est fondamentalement subsidiaire au droit national et à son application. C’est cette relecture vivante, évolutive, contextualisée et appliquée du droit du contentieux devant la Cour africaine qui vous est proposée lors de cette activité de formation.

Après tout, le quotidien des praticiens de droit dans la sphère nationale n’est pas de se frotter au droit international et à sa pratique mais davantage ou plutôt au droit interne tel qu’il régule la vie des gens et le fonctionnement des institutions nationales. Ce séminaire doit par conséquent être considéré comme un pont jeté par la Cour vers les horizons nationaux d’où remontent les problèmes de droit des droits de l’homme pour lesquels les justiciables n’ont pas trouvé solution ou satisfaction. D’une part, il s’agira d’aider les litigants que vous êtes à vous approprier le savoir-faire nécessaire pour accompagner efficacement la Cour dans sa mission d’administration de la justice ; d’autre part, un conseil inscrit près la Cour et utilement imprégné de la pratique devant elle devient indubitablement un porte-voix du droit africain des droits de l’homme au sein des systèmes judiciaires nationaux.

Chers conseils, je ne peux résister à la tentation de réitérer en ce qui vous concerne, les mêmes vœux que j’exprimais devant les conseils participants à la session de formation de l’an dernier. Pour compter de ce jour vous ne serez plus seulement des avocats inscrits sur la liste des conseils près la Cour africaine ; vous serez en outre les pionniers d’une nouvelle génération de défenseurs des droits humains puisque vous incombe désormais de susciter la formation d’une masse critique du plus grand nombre d’avocats que possible sur le continent qui se constitueront comme les porte-voix du droit et de la procédure devant la Cour africaine. Face à une Afrique où l’absence d’une justice équitable est trop bien souvent la source de conflits et de violations graves et massives des droits humains, le droit de bénéficier d’un conseil au fait de la pratique de la Cour africaine ne doit plus faire l’objet d’aucune compromission possible.  

Entre le défaut d’observance des règles qui rallongent inutilement les procédures et l’insuffisant renvoi à la jurisprudence de la Cour dans la rédaction des conclusions subséquentes, c’est à une revue mais surtout à une discussion à bâtons rompus de la pratique de la Cour que je vous appelle. Je sais que le Greffe vous a préparé les moyens d’une telle interaction. Je vous y convie vivement en vous remerciement d’avoir pris du temps pour participer à cette activité, en félicitant le Greffe d’en avoir déployé l’organisation et aux partenaires d’en avoir mobilisé les moyens, je vous souhaite une fructueuse session et déclare ouverts les travaux du deuxième séminaire de formation des avocats inscrits sur la liste des conseils près la Cour africaine.

Je vous remercie.

Sylvain Oré

Président de la Cour